Le paradoxe de l’enfance se situe dans le nœud d’une vision pragmatique des choses et d’une imagination sans borne, que la philosophie a tout intérêt à investir pour dénouer la capacité à philosopher des enfants.
Qu’entend-on par enfant ? Un être biologique à l’aube de la vie, petit par sa taille, débordant d’énergie et dont le modèle est la figure de l’adulte chargé de son éducation, l’autorisant ou non à faire ceci ou cela. L’adulte, limite au débordement infantile. L’adulte, que l’enfant imite. Mimétisme culturel et social, l’enfant est le reflet du monde qui l’entoure.
Philosopher et non philosophie. Un verbe plutôt qu’un nom ? « Il faut apprendre à philosopher et non la philosophie » écrivait Kant, ce tracé linguistique nous indique une action plutôt qu’une catégorie académique qui enfermerait certains esprits, qualifiés d’érudits par ceux qui n’osent croire que chacun porte en soi une racine en quête de sens.
Qu’est-ce que le sens ? La recherche d’une explication qui commence à partir de l’instant où se pose une question. Questionner, n’est-ce pas l’exemple même de la curiosité ? Mouvement d’ouverture qui entraîne dans son sillage l’émerveillement de l’étonnement. Savoir se laisser surprendre, tel est le jeu de la philosophie.
Mais revenons à nos enfants. Celui que l’on a été ? Celui que l’on est ? Celui que l’on fait naître ? Je n’oserai en donner une réponse figée. L’enfant ou l’état de la découverte, ne serait-il pas précisément l’être le plus philosophique de la terre ? L’enfant cherche à savoir et comprendre en testant, en essayant, en se confrontant aux interdits. L’enfant est en quête de réponse et ses questionnements parfois incessants sont l’argile qu’il semble bon d’ériger en une pensée agile, capable de philosopher, autrement dit capable de développer une réflexion autonome et critique.